Crédit immobilier : faut-il emprunter sur 30 ans ?

Crédit immobilier : faut-il emprunter sur 30 ans ?


Ça y est ; vous vous êtes décidé à mettre en œuvre le projet immobilier qui vous tient tant à cœur. Toutefois, si les taux d’intérêts sont faibles, les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter. De même, le durcissement actuel des conditions d’octroi des prêts par les banques peut vous inciter à emprunter sur une très longue durée. Cependant, un emprunt sur une longue durée entraîne des conséquences sur le coût total de l’opération mais aussi sur vos finances futures. Alors ?… Faut-il vraiment emprunter sur 30 ans ?

Catherine Laborie, assistante sociale et fondatrice d’ACT’SOCIAL, vous aide à faire le bon choix.


Les arguments en faveur d’un prêt de longue durée peuvent être séduisants :

  • Emprunter plus ou rembourser moins ; autrement dit, alléger des mensualités pour un montant d’emprunt égal ou emprunter plus pour des mensualisés égales
  • Réduire le taux d’endettement (passer sous la barre des 33% d’endettement)
  • Devenir propriétaire plus tôt = faire l’économie des loyers

Un prêt sur 30 ans peut a priori faciliter la mise en place du crédit immobilier et contribuer ainsi à la concrétisation de votre projet d’accession à la propriété.

Pourtant, si les banques ne manquent pas d’arguments, acheter sur 25 ou 30 ans demandent réflexion. Les taux d’intérêt actuels ne doivent aveugler les futurs acquéreurs ; il faut redoubler de prudence.

Soyez prudent…

En effet, le surcoût peut être très élevé : plus la durée du crédit est longue, plus le taux d’intérêt est élevé, plus l’assurance coûte cher….  Et donc plus le coût réel du crédit sera prohibitif.

Puis, en cas de revente quelques années seulement après le début des remboursements, si le marché immobilier a stagné ou s’est retourné, il n’est pas sûr que le prix de la vente rembourse le capital restant dû. En effet, pour tous les crédits, les intérêts sont calculés sur le capital restant dû. Or, celui-ci diminue plus lentement si l’on met plus de temps pour rembourser le crédit. Et oui, pendant les premières années de remboursement, les mensualités servent surtout à payer les intérêts et n’amortissent que très peu le capital emprunté. Il y a donc un risque de revendre votre logement à perte et de devoir continuer à rembourser le crédit alors que vous n’êtes plus en possession du bien.

Par ailleurs, la lecture des données typologiques des ménages surendettés publiées chaque année par la Banque de France révèle que les accidents de la vie (accident, maladie, décès, perte d’emploi, séparation conjugale) sont à l’origine des situations de surendettement. Plus la durée de remboursement est longue, plus la probabilité qu’un tel risque survienne augmente.

Enfin, si vous n’avez pas fini de payer votre emprunt lors de votre départ à la retraite, vous supporterez les mêmes mensualités de remboursement alors que vos ressources auront diminué. Les remboursements ne seront plus ajustés à vos réelles possibilités financières ; la situation budgétaire peut devenir vite invivable.

 

Prenez quelques précautions

La durée du crédit joue un rôle primordial dans le coût du financement. A vous de voir si le fort coût supplémentaire du crédit sur 30 ans augmente sensiblement votre capacité d’achat ou vous permette d’accéder à un bien de meilleure qualité.

Si vous n’avez pas d’autres choix que d’emprunter sur 25/30 ans, prenez quelques précautions :

  • Lorsque l’on emprunte sur 30 ans, la possibilité de devoir changer de logement est plus forte que sur un crédit plus court. Négociez alors la possibilité de transférer votre prêt en cas d’achat d’un nouveau logement.
  • En cas d’impossibilité de transfert, négociez l’annulation de l’indemnité de remboursement anticipé.
  • Négociez aussi la possibilité de moduler les mensualités; ce qui vous permettra de rembourser plus vite votre prêt.
  • Ne prévoyez pas de revendre votre logement trop rapidement.

Demandez plusieurs simulations à votre banque pour déterminer la durée optimale de remboursement en fonction de votre situation et de vos capacités financières.

    • Le calculateur du site La Finance pour tous vous aide à établir les différents éléments d’un crédit immobilier et faciliter ainsi votre décision
    • Disposer d’un apport personnel permet de réduire le montant du prêt.
    • Pensez aux prêts complémentaires : Action Logement, complémentaires santé, caisses de retraite, collectivités territoriales. Les conditions dépendent de chaque organisme. Ces prêts à petit taux sont modestes mais par chers. Mis bout à bout, ils peuvent engendrer des économies.

Vous l’aurez compris, le crédit immobilier et l’emprunt sur 30 ans ne sont pas sans conséquence. Il convient de bien évaluer votre situation et de comprendre les enjeux de telles décisions.

Pour donner une chance à votre projet logement, il faut d’abord en parler, puis étudier les moyens pour le réaliser, et choisir à quel moment et dans quelles conditions le mettre en œuvre. Je vous propose de vous accompagner dans cette démarche en vous guidant pour orienter votre choix, vous aider à y voir plus clair, vous donner des points de repères. Alors n’hésitez pas ; contactez-moi.

Retrouvez l’ensemble des Flash Consommation et des Livrets Réflexes réalisés par Catherine LABORIE, en suivant les liens.

Sources :

  • « Emprunts immobiliers : faut-il en prendre pour 30 ans ? » – Le Particulier n° 999 – mars 2006
  • « Emprunter sur trente ans : le pour, le contre » – 60 millions de consommateurs n° 407 – juillet/août 2006
  • « Emprunter sur trente ans » – Dossier familial n° 384 – janvier 2007
  • « Crédits immobiliers : les emprunteurs sous pression » – Le Particulier n° 1167 – mars 2020
  • « Enquête typologique 2019 sur le surendettement des ménages » – Banque de France- 06/02/2020