Les violences conjugales sont trop souvent relayées à la sphère privée. Or, ces violences physiques, psychologiques, sexuelles, financières majoritairement à l’égard des femmes constituent une violation des droits humains fondamentaux. C’est pourquoi, elles concernent aussi bien la sphère publique, avec notamment l’ensemble des mesures mise en place par le gouvernement pour lutter contre ce fléau et aider les victimes, que la sphère professionnelle par ses conséquences, directes ou indirectes, sur la rentabilité des entreprises.
Les actions menées au sein des organisations restent cependant limitées face à l’ampleur d’un phénomène complexe, souvent mal connu, mal perçu, mal compris. Il est toutefois indispensable d’intégrer dans l’entreprise cette problématique car étant multi-facettes, elle finira par impacter un jour votre organisation et les enjeux pour votre entreprise sont importants. Catherine LABORIE, fondatrice de ACT’Social ( Chatou – 78400) et assistante de service social , vous aide à faire le point.
De quoi parle t-on ?
En 2018, 121 femmes et 28 hommes sont décédés, victimes d’homicides au sein du couple. En moyenne, 1 femme décède tous les 3 jours. Pour les hommes victimes de leur compagne ou ex-compagne, cette fréquence s’élève à 1 tous les 13 jours. En effet, si la plupart des études montrent que la violence conjugale s’exerce essentiellement à l’encontre des femmes, les hommes n’y échappent pas.
Les violences au sein du couple sont la manifestation d’un rapport de domination que l’auteur instaure sur sa victime. Elles peuvent revêtir plusieurs formes : physiques, verbales, psychologiques, administratives, sexuelles, matérielles, économiques,…. Ces agressions sont récurrentes, souvent cumulatives. Elles s’intensifient et s’accélèrent avec le temps, pouvant aller jusqu’à l’homicide. Elles diffèrent des disputes ou conflits conjugaux dans lesquels deux points de vue s’opposent dans un rapport d’égalité. Les violences peuvent exister quelle que soit la configuration conjugale, pendant la relation, au moment de la rupture ou après la fin de cette relation.
La violence domestique touche les femmes et les hommes indépendamment de leur classe sociale, leur âge, l’endroit où ils habitent, leur culture, leur nationalité.
Même si les incidences immédiates sur la santé physique et mentale sont évidentes, les préjudices sont nombreux car leurs implications sont à la fois économiques, sociétales, sociales, mais aussi organisationnelles ; les coûts directs et indirects pour l’entreprise sont importants.
Les conséquences professionnelles de problèmes personnels
Bien qu’il s’agisse d’un problème privé, son impact sur la sphère professionnelle ne peut être ignoré. En effet, même si les études françaises sont encore très timides dans ce domaine, d’autres études internationales permettent de mesurer les conséquences organisationnelles :
- Une agression, voire un homicide, peut intervenir sur le lieu de travail. Cela peut agir sur le collectif en insinuant un sentiment d’insécurité pour l’ensemble des salariés, susceptible d’influencer la performance de l’équipe et nuire à l’image de l’entreprise ;
- La productivité baisse ; l’efficience professionnelle aussi ;
- Des difficultés relationnelles peuvent se poser avec les collègues, la hiérarchie, les clients ; l’intégration dans la culture organisationnelle peut s’avérer difficile ;
- La trajectoire professionnelle se limite, se modifie ; elle peut même s’interrompre : refus de promotion, de formation, de prise de responsabilité ;
- Le risque de violence au travail augmente : le harcèlement ou autre forme d’abus dans l’entreprise se met en place plus facilement ;
- …
Ainsi, d’une façon générale, la violence familiale affecte non seulement le comportement de la victime mais aussi son parcours professionnel. Elle induit par ailleurs des coûts pour l’entreprise :
- Coûts directs: arrêts maladie, accidents de travail, …
- Coûts indirects car perte du capital humain : perte de talents, augmentation des conflits, baisse de la productivité, remplacements, dysfonctionnements dans l’équipe, baisse de l’efficience professionnelle,…
Les répercussions sur le travail sont par conséquent nombreuses et cumulatives.
Certains signes doivent vous alerter : blessures ; absentéisme ; retards répétés ; désengagement (refus de challenges) ou manquement professionnel (pas de possibilité de participer à des séminaires ou réunions) ; demande urgente de logement, de mutation ; modifications de certains comportements en raison d’une forte fragilité émotionnelle, symptômes post-traumatiques, stress ; difficulté de concentration ; moindre implication dans l’équipe,…
Ainsi, l’économique rejoint le social même s’il reste difficile d’estimer précisément les conséquences des violences sur les performances économiques.
Pourtant, considérer ce problème individuel au sein de l’entreprise permettrait de réduire les coûts visibles et invisibles liés à ces violences. Certaines entreprises ont mis en place des politiques organisationnelles, sans surcoût notable, pour prévenir l’impact des violences conjugales au travail, considérant que cela dépassait le seul intérêt économique mais engageait aussi leur responsabilité sociale. Par ailleurs, des telles dispositions améliorent la rentabilité de votre entreprise.
Certes, il n’y a aucune obligation juridique.
Toutefois, les articles 1 et 10 de la convention 190 de l’Obligation Internationale du Travail peuvent inciter les organisations à se saisir toutefois de la question.
Par ailleurs, dans certains cas, la responsabilité de l’entreprise peut être engagée (obligation de sécurité) en cas de harcèlement ou menace sur le lieu de travail.
Enfin, intégrer ce sujet dans l’entreprise relève également de la nécessité de s’assurer du bien-être du/de la salarié-e et de l’impératif de promotion de l’égalité femmes-hommes au sein de l’entreprise.
Témoin capital et maillon crucial pour les victimes, l’entreprise peut agir pour lutter contre les violences faites aux salariés-es tout en respectant le rôle de chacun.
Aussi, pour que votre entreprise devienne
un lieu de ressources (financières, humaines, administratives…),
de soutien,
de détection,
de protection,
d’émancipation par le maintien en emploi (en évitant notamment des sanctions, un licenciement qui profiteraient à l’agresseur),
n’hésitez pas à me contacter. Nous trouverons ensemble des mesures appropriées qui réduiront l’impact des violences conjugales au sein de votre entreprise et contribueront à servir votre performance.
Retrouvez l’ensemble des Flash Consommation et des Livrets Réflexes réalisés par Catherine LABORIE, en suivant les liens.
Sources :
- Lettre n°14 – Observatoire National des violences faites aux femmes.
- « Quand l’intime s’immisce dans l’entreprise » – Emilie HENNEQUIN et Nouchka WIELHORSKI – www.cairn.info
- « Les violences conjugales, un sujet RH à part entière » – Stéphane BECHAUX – novembre 2019
- « L’implication des entreprises dans la lutte contre les violences faites aux femmes » – Simon MICLET– Margot MOLENDA-PRUVOST – Lisa RODRIGUEZ– FACE